« Je me suis encore fait insulter hier par un citoyen », « Je dois trouver 300000€ suite à la hausse des prix de l’énergie » , « Je me sens seule pour diriger la mairie », « 2 élus veulent démissionner car ils ne se sentent pas intégrés », « Le ton est monté hier en réunion municipale entre les élus », « Mon maire n’a pas de projet », « Le maire est toujours absent et l’administration fait ce qu’elle veut », « Un agent a déposé une plainte contre harcèlement moral sur mon management », « Les élus se prennent pour des chefs de service et c’est difficile de travailler comme cela », « Je ne sais plus si je veux continuer », « Je n’arrive pas à recruter et encore 2 agents sont partis en arrêt maladie », …
Nous sommes sollicités toutes les semaines par des élus et des DGS aux profils variés, de strates de communes différentes (même si les communes rurales sont les plus impactées), qui sont perdus dans un mandat difficile.
Aussi, depuis 3 ans ce sont plus de 3% des maires de France et des milliers d’élus qui ont démissionné.
Les raisons évoquées sont diverses : problèmes de santé ou décès, temps considérable à consacrer à la fonction, violences, décès, « ras-le-bol », difficultés à mettre en place des mesures demandées, condamnations, …
UN MANDAT QUI NE RESSEMBLE À AUCUN AUTRE
Le 15 mars 2020 avait lieu le premier tour des élections municipales conduisant à l’élection de 30 000 maires, le 17 mars 2020 la France était confinée.
Le début de mandat commençait alors de manière très particulière avec d’un côté des sortants réélus ou battus qui continuaient à gérer avec leur «ancienne» équipe et de l’autre des nouveaux élus qui devaient attendre de pouvoir officiellement prendre leur fonction avec leur équipe.
S’ensuivit près d’1 an de distanciation, d’inaugurations et de réunions annulées où l’humain laissait la place aux visioconférences et au distanciel.
Nouveaux élus et agents n’ont pas pu faire connaissance et apprendre à travailler ensemble.
Dans des collectivités reprises par des nouvelles majorités, les départs de directeurs des services ont laissé des équipes livrées à elles-mêmes, devant ainsi prendre la place de chefs de service.
À ceci s’ajoute une perte de vocation et, venir travailler dans le secteur public, n’a plus autant d’attrait qu’avant, conduisant des collectivités à recruter en réfléchissant à des campagnes de « marketing territorial ».
Comme si cela n’était pas suffisant, la conjoncture économique, les baisses de dotations pour les collectivités et les hausses de coût de l’énergie sont venues rendre très difficiles la mise en place des politiques publiques et des projets souhaités par les équipes municipales.
UN MANQUE DE FORMATION ET DES ÉLUS DÉSORIENTÉS
En plus des problèmes financiers, les élus sont perdus à devoir mettre en place des actions qui semblent parfois totalement contradictoires.
Aussi, on leur demande par exemple aujourd’hui de concilier construction de logements et zéro artificialisation des sols ou encore de construire du R+1 sur des vastes terrains en pleine campagne.
Cela se déroule dans un contexte d’exigences renforcées chez les citoyens où l’élu devient l’interlocuteur principal sur lequel on se défoule, parfois de manière très violente.
Les élus, las, démissionnent.
Aujourd’hui, les élus locaux doivent être des véritables couteaux-suisses et développer de nombreuses compétences pour faire face à ce mandat.
Les équipes municipales de 2020 ont été largement renouvelées et la nouvelle génération d’élus est beaucoup moins « formée » à la politique.
PROXIMA PARTENAIRE est contactée très régulièrement pour de nombreux conseils techniques ou pratiques. Des formations nécessaires n’ayant pu avoir lieu dès le début du mandat, les élus sont souvent perdus pour pouvoir agir.
La dernière réforme en date, qui conditionne l’accès à la formation à une « Identité numérique La Poste », a réduit considérablement cet accès à la formation qui ne permet plus de former de manière individuelle des maires qui en auraient besoin.
Ce sont chaque semaine des dizaines d’élus qui renoncent à se former et des organismes de formation qui renoncent…
Le sens du service public guide pourtant les élus pour surmonter les difficultés et il faut que cette envie soit forte, d’autant que le manque de cohésion dans l’équipe municipale n’encourage pas. Mais, jusqu’à quand ?
UNE COHÉSION D’ÉQUIPE DIFFICILE
Beaucoup d’équipes municipales sont aujourd’hui en souffrance pour plusieurs raisons.
D’une part, dans les nouvelles équipes, nombreux sont ceux qui ont une vie professionnelle et les collectivités n’échappent pas au phénomène post-covid qui a conduit beaucoup de monde à privilégier leur vie personnelle à tout le reste.
Ainsi, l’investissement dans son mandat n’est pour beaucoup plus une priorité par rapport à leur vie professionnelle ou personnelle.
Pourquoi ? La conception de ce qu’est l’engagement et le sens que l’on donne à son mandat d’élu n’est plus ce qu’il était. Certains ont oublié les raisons pour lesquelles ils s’étaient engagés.
D’autre part, avec le Covid, les élus et les agents n’ont pas pu se rencontrer et apprendre à travailler ensemble. Les élus sortants ont tout de suite repris leurs marques, alors que les nouveaux essayaient de comprendre et de se positionner au sein de la collectivité. Ils sont les premiers aujourd’hui, frustrés « de ne rien faire » et de ne pas « trouver leur place » à démissionner.
Dans les moyennes et grandes communes, les élus sont soutenus par des collaborateurs de cabinet qui, eux aussi, sont de plus en plus sous pression et finissent par partir dans le privé.
Le Maire se retrouve désormais en posture difficile avec des tensions régulières dans ses équipes faisant de lui davantage un médiateur qu’un animateur d’équipe municipale.
Manager des équipes ne s’improvise pas et il se retrouve de plus en plus à devoir développer cette compétence alors qu’il a déjà beaucoup à faire.
ET MAINTENANT ?
La 2e partie du mandat est déjà entamée et il reste encore 3 ans pour mettre en œuvre ce pour quoi vous avez été élus.
Une chose est sûre : il faudra être combatifs et résilients car la situation ne va pas aller en s’améliorant.
Améliorer l’accès à la formation, soutenir les collectivités, être à l’écoute, … beaucoup de solutions existent.
Chers élus, nous sommes admiratifs de ce que vous faites et nous vous souhaitons de réussir.
Nous continuerons à vous aider au mieux !