Une abstention record, des sortants de droite et de gauche qui reconduisent très largement leurs mandats, le Rassemblement National qui ne remporte aucune nouvelle région, la débâcle de la République en Marche. Voilà les principaux points à retenir après le deuxième tour des régionales.

 

UNE ABSTENTION RECORD

Le fond de l’air est bel et bien à l’abstention, massive. Ni un regain réellement significatif, encore moins un sursaut de participation, ce dimanche, pour le second tour des élections régionales : le taux d’abstention s’élève à 65,7%, un point de moins que le premier tour (66,7 %). Le constat est le même : près de deux Français sur trois ont boudé les urnes. Les causes ? Elles sont multiples, se recoupent, entre colère et lassitude, sentiment qu’aller voter «ne sert à rien», envie de liberté après une année de pandémie éprouvante…

 

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL RATE LE COCHE

En Paca, seul véritable espoir de la formation lepéniste, le Rassemblement National réalise des scores bien en dessous de ses attentes. En effet, le président sortant LR Renaud Muselier remporte 57% des suffrages, devant le candidat du Rassemblement National, Thierry Mariani qui totalise 43% des suffrages. Le parti de Marine Le Pen, pourtant donné en tête dans la majorité des régions métropolitaines avant le premier tour, n’a finalement atteint que 19 % des votes, soit près de 10 points de moins qu’en 2015. Dans les Hauts-de-France, où le RN espérait faire tomber Xavier Bertrand, le candidat Sébastien Chenu arrive loin derrière le président sortant (53 %). Même déroute en Bourgogne-Franche-Comté, région pourtant convoitée par Marine Le Pen et ses troupes : la tête de liste RN Julien Odoul arrive en troisième position.

 

LES SORTANTS DE DROITE ET DE GAUCHE CONFIRMÉS

Carton plein pour les sortants, de droite comme de gauche. Chez Les Républicains, les barons locaux rempilent sans réelles difficultés. Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand (53 %) distance largement le candidat RN Sébastien Chenu (25,6 %). Idem en Auvergne-Rhône-Alpes, où Laurent Wauquiez (55,9 %) sort largement en tête du second tour. Christelle Morançais dans les Pays-de-la-Loire (46,3 %), Jean Rottner (39 %) dans le Grand-Est et le centriste Hervé Morin (44,2 %) en Normandie rempilent également.

En Ile-de-France, la présidente sortante Valérie Pécresse arrive en tête avec 45,1% des voix, dépassant la liste d’union de la gauche (EE-LV- PS-LFI) menée par l’écologiste Julien Bayou (33,9%).

Cette prime aux sortants profite également à la gauche. En Occitanie, la socialiste Carole Delga arrive largement en tête (57,8 %). Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine (39,3 %), François Bonneau dans le Centre-Val-de-Loire (38,5 %), et Marie-Guite Dufay (42,5 %) en Bourgogne-Franche-Comté sortent également vainqueurs. La gauche conserve ainsi les cinq régions dans lesquelles elle était aux manettes. En Corse, le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, profite également de sa position de sortant, et arrive en tête (39,7%).

Seul Loïg Chesnais-Girard arrivé en tête avec environ 30% des voix, en Bretagne, ne pourra bénéficier d’une majorité absolue et devra négocier des alliances lors d’un troisième tour.

 

LA MAJORITÉ LREM HORS-JEU

Reléguée au rang de spectatrice après la gifle du premier tour, la majorité a maintenu ses listes dans 8 des 13 régions métropolitaines. Dans aucune d’entre elles, ses candidats n’étaient en position de force. Au premier tour, les candidats LREM n’avaient obtenu que 10 % des voix pour finir à 7% des voix au second tour. En Bourgogne-Franche-Comté, où LREM s’est maintenue malgré le risque de voir le Rassemblement National concurrencer la majorité sortante, son candidat Denis Thuriot recueille 9,4 % des voix. Un score également très faible pour l’ancien ministre de la Transition écologique, François de Rugy, candidat dans les Pays-de-la-Loire, à 8,3 % des suffrages, soit plus de trois points de moins qu’au premier tour. En Ile-de-France, le candidat de la majorité Laurent Saint-Martin arrive lui en quatrième position (9,2%), derrière Jordan Bardella (11,8%), du Rassemblement National.

 

LA DROITE : GRANDE GAGNANTE DES ÉLECTIONS 

On assiste au réveil de l’ancien monde. La droite sort en effet de ce scrutin avec le statut de première force politique du pays, puisque Les Républicains et leurs alliés ont obtenu 38% des voix à l’échelle nationale, selon l’institut Ifop-Fiducial pour LCI/TF1. Ils devancent l’union de la gauche et des écologistes, qui résiste bien avec 34,5% des suffrages.

Derrière, le Rassemblement national accuse sévèrement le coup, avec seulement 20,5%. Il s’agit d’une véritable déception pour le parti de Marine Le Pen, qui misait sur cette séquence pour remporter une ou plusieurs régions, et engranger ce faisant une dynamique en vue de la présidentielle de 2022.

Enfin, comme c’était à prévoir, la majorité présidentielle ferme la marche très loin derrière, avec à peine 7% des suffrages. Cette nouvelle claque, après celle des municipales de 2020, vient cruellement confirmer le manque d’ancrage local dont souffre La République en marche, le parti d’Emmanuel Macron.

 

En résumé, à part à la Réunion, aucun conseil régional n’a changé de main à l’issue du deuxième tour, qui n’a pas été marqué par un sursaut démocratique. Cette forte abstention pourrait biaiser la lecture politique de ce dernier scrutin avant la présidentielle à venir.